Il ritorno di una leggenda : Nuova Lancia Fulvia Coupé

38 ans
après sa commercialisation, le Centre de Style Lancia (dirigé
alors par Flavio Manzoni) présente au Salon de Francfort de 2003
un Concept Car inspiré de la Lancia Fulvia Coupé. La presse
internationale et les proches de la marque seront unanimes sur la
beauté et la réussite de cette réalisation.
Au
grand désespoir des lancistes, l'auto reste en attente depuis dans
les plans de
production.









Nouveauté : Lancia Fulvia Coupé. - De
Eric Bergerolle - 03/09/03.
Montée de sève.
Contrairement à d'autres essences de la forêt automobile, c'est à
l'automne que l'arbre Lancia donne sa plus belle sève. Quelques
fois même, il ne fleurit qu'au bout d'une dizaine d'années de
patience. Mais cette fleur donnera-t-elle un fruit ?
Au risque de briser le bel enthousiasme qui vient de s'emparer de
vous, il nous faut d'emblée vous prévenir : le Fulvia ci-contre
n'est présenté que comme un concept commémorant le lancement du
coupé originel.
Bel hommage diront certains. Mais qu'il est étrange de commémorer
en 2003 à Francfort un événement survenu en 1965 à Genève... Un
projet de plus grande envergure ne se cacherait-il pas sous cette
superbe interprétation postmoderne des lignes inoubliables du
Fulvia ?
De 1965 à 2003. Le flambeau sera-t-il repris ?
Certaines voix chez Lancia osent ainsi prophétiser un lancement en
série pour la fin 2005, le Fulvia Coupé faisant usage de la
plate-forme du Fiat Barchetta. D'autres assurent qu'il n'en sera
rien. Pour preuve le plan de relance du groupe Fiat Auto, qui ne
fait état que d'une seule nouveauté Lancia d'ici à 2006 : une
variante chic du monospace urbain Fiat Idea. Verra donc qui vivra
!
L'événement est cependant trop rare pour déjà se lamenter sur le
destin de ce superbe concept, autrement plus prometteur et
enthousiasmant que le Nea ou le Granturismo. Ses lignes tendues
affichent une élégance sophistiquée, presque hautaine par rapport
aux contours replets des récentes Thesis et Ypsilon. Voilà un
langage stylistique qui nous paraît davantage conforme à ce
qu'attendent les fanatiques de la marque depuis de nombreuses
années et apte à susciter à nouveau les passions chez les amateurs
de belles autos, qu'elle soient italiennes ou non.
Il est certainement malaisé pour les dirigeants de Fiat Auto de
constater une fois de plus combien l'image de la marque Lancia est
associée à son glorieux passé sportif et non à celui de
constructeur des quelques limousines prestigieuses d'avant-guerre.
Certains se souviendront seulement des derniers exploits en rallye
durant les années 80, mais d'autres plus au fait de l'histoire de
la marque se rappelleront l'ingéniosité technique et l'inspiration
stylistique l'ayant longtemps caractérisée.
Le coupé Fulvia employait la mécanique de la berline.
Les HF (1.2 1,3 et 1.6) étaient les versions sportives.
Les analystes du marché automobile s'accordent généralement à dire
que la désaffection de la clientèle pour Lancia concorde avec le
moment de la disparition de la Delta et de la répartition stricte
des rôles au sein du groupe : à Alfa Romeo la sportivité, à Lancia
le luxe. Ainsi s'est ouverte la période que l'on pourrait appeler
de "l'Alcantara® à profusion", les habitacles habillés de ce
matériau et les mécaniques sans exclusivité visant à satisfaire la
clientèle éprise de confort plus que de performances.
Or, si l'on en croit les belles avances faites par le Fulvia Coupé
et la teneur de certains termes du communiqué de presse
accompagnant les clichés du Fulvia Coupé, le revirement pourrait
être total. Ce texte évoque ainsi la tradition de l'innovation
technique au service de la performance et rend hommage au Fulvia
de 1965 et à son dérivé 1.6 HF vainqueur du Monte-Carlo 1972 en
tant que modèles ayant fait la célébrité de Lancia dans le monde.
Une expression cependant épargne aux gens de Fiat Auto l'embarras
de leurs contradictions : le Fulvia Coupé est présenté plus en
avant dans le texte comme "un bel exemple de cette 'sportivité
élégante' qui caractérise depuis toujours certains modèles de
production de Lancia".
"Sportivité élégante". Voilà donc le registre à nouveau dévolu à
Lancia, après l'avoir inexplicablement abandonné à Audi, BMW ou...
Alfa Romeo. Sans compter les innombrables autres constructeurs qui
convoitent une image de sportivité à bon compte, tels les Mazda,
Opel et Seat. Le créneau est d'autant mieux choisi qu'il autorise
des prix de vente plus élevés (et donc des marges bénéficiaires
supérieures), et que les progrès en termes de rendement des
moteurs, de suspension et d'insonorisation font que les notions
autrefois antinomiques de confort et de sportivité n'ont jamais
été aussi voisines et compatibles.
Ce rapprochement correspond en quelque sorte à l'esprit "Grand
Tourisme" d'antan, revu au goût du jour : la performance
maîtrisée, tous conforts. Pour le Fulvia, le côté sportivité est
exprimé par le style extérieur conçu "sans aucune indulgence
nostalgique" mais bien comme si "l'évolution stylistique [du
modèle de 1965] n'avait jamais été interrompue" (sic). La fiche
technique est également dans le ton : 1.8 16V de 140 ch, poids
limité à 990 kg grâce à une carrosserie aluminium, 0 à 100 km/h en
8,6 s. Le confort est quant à lui suggéré par la description de
l'habitacle (lequel demeurera soustrait à nos regards jusqu'au
Salon de Francfort la semaine prochaine) tendu de cuir et paré
d'une essence rare (le Tanganika Frisé).
Le Fulvia Coupé constitue à n'en pas douter une bonne nouvelle
pour un constructeur moribond tel que Lancia. Mais peut-on sauver
une marque avec un coupé, si bien inspiré soit-il ? Aussi se
prend-on à espérer que ce concept préfigure non seulement un
Fulvia de série, mais également le style d'une future Delta. Et
surtout que l'Ypsilon connaisse le succès commercial qu'elle
mérite, afin d'accorder à Lancia le temps qu'il lui manque.
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