A la fin des années 70, il faut renouveler la petite berline Alfa. La Guilia a été une valeur sûre de la marque durant tellement d’année que le remplacement d’un tel modèle n’est pas sans poser des problèmes d’autant plus qu’Alfa Roméo ne va pas très bien. Les finances ne sont pas au beau fixe, les problèmes de fiabilité commencent à pourrir la vie et les comptes d’une marque dont les pieds d’argile tentent de se sortir des crises pétrolières qui frappent fort. La gamme Alfa, depuis le début des années 70, a connu un renouvellement quasi complet avec des modèles qui vont être les rails du succès durant les années 70 : l’Alfetta et l’Alfasud.
La nouvelle Giulietta sera étudiée avec un petit budget mais pour des ventes maximum afin de rentabiliser au maximum les quelques investissements car Alfa a besoin de devises fraîches rapidement. Elle va reposer sur une base technique connue et moderne pour son époque afin de remplacer une vénérable berline apparue au début des années 60.
Une base technique connue et éprouvée : L’Alfetta, déja en vente depuis 1972, va fournir ses entrailles à la nouvelle venue. Ainsi le schéma transaxle est repris. Le moteur est donc à l’avant en position longitudinal. Les roues arrières sont motrices avec la boite de vitesses placées à l’arrière de l’auto, après l’arbre de transmission. Les disques de freins arrière sont de type inboard (c'est-à-dire accolés à la boite et non pas derrière les roues).
Les moteurs (des 4 cylindres en ligne à doubles arbres à cames) sont repris de l’Alfetta et de la Giulia. Alors que la gamme de l’Alfetta début avec un 1600 depuis quelques années, dérivé de celui de la Giulia, la Guilietta va faire de ce moteur sont haut de gamme. Il est repris intégralement avec ses 2 carburateurs doubles corps. Un 1300, dérivé du 1290 cc de la Guilia vient compléter par le bas l’offre commerciale. La cylindrée passe à 1357 cc. Ce changement a été rendu nécessaire afin de se conformer à de nouvelles normes anti pollution sans perdre de puissance.
Toutefois ce n’est qu’un début et d’autres moteurs viendront s’ajouter.
Le design est très agressif pour une berline, bien plus que l’Alfetta dont elle reprend la cellule centrale. L’Alfetta sera donc une berline plus grande et plus élégante et laissera la plus petite Giulietta être plus agressive et suggestive dans sa présentation. Le résultat sera une berline 4 portes avec un avant très agressif et un arrière tronqué. L’objectif de cette ligne était de dynamiser le dessin élégant de l’Alfetta en lui donnant un coté 2 volumes. Si les portes avant et arrière sont reprises de l’Alfetta, les vitrages avant et arrière sont par contre inédits afin de gérer au mieux le design et l’habitabilité.
Contrairement à ce qu’on pourrait penser à première vue, les pare chocs enveloppants ne sont pas en matières plastiques mais en métal peint. Les dimensions : longueur 4,21m, largeur 1,65m, hauteur 1,40m, poids 1070 kg. L’empattement de 2,51m de l’Alfetta est conservé.
L’espace intérieur pour cette classe de berline est plus qu’honorable. La base de l’Alfetta, déjà bien positionné dans son propre segment, laisse la Giulietta être une championne de l’habitabilité dans sa catégorie. Originalité du tableau de bord : le bloc compteur se règle en hauteur avec le volant.
Le nom de cette nouvelle petite berline a été un casse tête pour Alfa car le nom de celle qu’elle remplace était jusque là un patronyme fort et chargé de valeur pour les Alfistes. L’appeler à nouveau Giulia n’est pas la meilleure idée. Trouver un tout nouveau nom, revient à renier en quelque sorte le modèle passé ou a opérer une révolution dont Alfa ne veut pas entendre parler. La solution va être intermédiaire en ressortant le nom de Giulietta.
La série 1 :
A sa sortie en 1977, la gamme de la Giulietta se compose de 2 modèles seulement. Le 1300 (1357 cc) ouvre le bal avec ses 95 ch pour un couple de 12,3 m/kg. Le 0 à 100 est couru en 12,8s et la vitesse de pointe est de 165 km/h. Un 1600 (1570 cc) avec ses 109 ch donne une version un peu plus performante. Le 0 à 100 se parcoure en 11,0s pour une vitesse de pointe de 175 km/h
Les 2 versions ont une dotation en équipement presque équivalente en ce début de commercialisation mais la 1300 reste naturellement en dessous au niveau de sa dotation en série. La 1300 atteint les 165 km/h, avale son 0 à 100 en 12,8s et a une consommation moyenne de 9,2l de carburant. De son coté, la 1600 à une vitesse de pointe de 175 km/h, le 0 à 100 se parcours en 11s et la consommation est de 9,5l.
Les premiers essais de la presse spécialisée sont tous assez froid en ce qui concernait la partie arrière de la carrosserie. Le dessin ne plait pas ou peu. Les feux arrière positionnés très haut donne une étrange impression combinée à l’arrière tronqué.
Les points faibles se révèlent dès les premiers tours de roues. La disposition transaxle de la boite laisse un guidage et une précision du levier un peu flou et le poids de la structure de l’Alfetta se fait sentir sur ces petites motorisations manque un peu de nerfs pour mouvoir « alfistement » les Guilietta 1300 et 1600. Les performances sont assez quelconques alors que la tenue de route très saine permettrait d’accepter bien plus de puissance. La Giulia se révélait presque aussi performante dans ses dernières versions.
Le 1300 va très vite faire les frais de ces premiers essais dans la presse pour très vite être moins bien vendu que prévu. Ce moteur est en effet, particulièrement à la peine et ne va pas rencontrer le succès tout au long de sa carrière.
A partir de 1979, Alfa remédie à ces petites remarques sur la performance en présentant une version à moteur 1800 (1779cc) 122 ch en provenance direct de l’Alfetta. La présentation est un peu plus haut de gamme et les problèmes de vivacité du moteur dans ce lourd châssis pourtant réussi ne durent plus. Le poids atteint les 1100 kg. La vitesse de pointe est de 180 km/h pour un couple de 17 m/kg. Le 0 à 100 est abattu en 9,8s.
Les versions 1300 et 1600 changent aussi leur pont pour des rapports plus courts afin de favoriser un peu plus les performances.
L’année d’après, en 1980, la Guilietta Super est présentée. Elle est équipée du 2,0l de l’Alfetta avec ses 130 ch et sa vitesse de pointe de 185 km/h. Le couple est de 18,1 m/kg et le 0à 100 est avalé en 9,2s.
La présentation est légèrement retouchée avec des jantes inédites, une peinture métallisée avec des bandes latérales, 2 rétroviseurs extérieurs, des protections de carrosserie ton caisse et un intérieur en velours et volant cuir qui mettent définitivement cette version en haut de la gamme. Cette version est destinée à l’exportation et sera produite à seulement 1500 exemplaires.
Pour le début de l’année 1981, une série spéciale dite EC pour extra confort est proposée sur la base des 1600 et 1800. La production reste une série limitée distribuée dans quelques pays avec un équipement proche de celui de la 2,0l.
La série 2 : Avec l’année 1981 arrivent des Giulietta légèrement revues. Les pare chocs sont en matière plastique avec des inserts métalliques brillants, l’arrière est revu, les rétroviseurs changent pour s’insérer à la carrosserie et sont en plastique.
Les selleries sont changées, le tableau de bord est très légèrement retouché et le volant adopte le style avec le coussin central rond qui sera typique des Alfa des années 80. la plafonnier intègre à présent une montre. Selon les versions, des baguettes de protections latérales sont offertes. Les baguettes chromées disparaissent et sont remplacées par du noir mat. Le répétiteur latéral change de position.
La gamme se compose des modèles 1300 et 1600 à présentation simplifiée avec des jantes en tole avec un petit enjoliveur noir, des clignotants avant oranges et un équipement d’entrée de gamme. Vient ensuite la version 1800 dont l’équipement est en hausse (avec un rétroviseur extérieur électrique, un pommeau de levier de vitesse imitation bois, des appuis tête aux places arrière) et se reconnaît à ses clignotants avant blancs et à ses enjoliveurs gris. Le haut de gamme est assuré par la version par la 2,0l Super qui ajoute une peinture métallisée, des pare chocs peints, des jantes alliage et un équipement encore plus complet.
L’année 1982 est consacrée aux rapports de pont des versions 1600 et 1800 dont la démultiplication augmente. La recherche de l’optimisation des consommations est permanente en ce début des années 80.
Cette même année, une version luxe dite 1600 L intègre la gamme où le moteur 1600 est associé à la finition des 1800.
A noter que la version 2,0l Super est aussi disponible en version 2,0l Ti avec une peinture métallisée grise, jantes de la Super, finition et équipement de la 1800 mais avec le volant en cuir. Cette version est produite pour le marché italien à un nombre limité d’exemplaires.
En Février 1983, une version turbo diesel avec un 4 cylindres d’origine VM déjà vu sur l’Alfetta est ajouté avec ses 82 ch. Cette Giulietta TD est disponible avec la finition de base ou en version luxe. Le couple de 16,5 m/kg, la vitesse max de 155 km/h et le 0 à 100 s’effectue en 15,2s. La consommation moyenne ne dépasse pas les 7,0l. cette version intègre d’office un spoiler sur le pare choc avant.
La série 3 : L’année 1983 se termine avec un nouveau changement de style pour la Giulietta. Les pare chocs sont totalement en plastique et on peut les qualifier de boucliers à présent alors qu’il restait un insert métallique avant. Un petit spoiler est intégré à l’avant. La calandre gagne des barrettes moins nombreuses mais plus larges, Un bandeau gris entre les feux vient habiller la partie arrière avec les feux arrière de brouillard intégrés ans le pare chocs.
L’intérieur est aussi rafraichit. La planche de bord est redessinée avec un style plus pur et moins tourmenté avec l’ajout d’un panel de contrôle à 8 fonctions et des compteurs au graphisme plus clair. Les aérateurs et certains boutons (qui passent au centre au lieu d’être à gauche) sont repris de la récente Alfa 33.
Les selleries sont renouvelées et les sièges arrière reçoivent des appuis têtes. Les vitres arrière sont disponibles en option sur certaines versions.
Au niveau des motorisations, la gamme débute toujours avec le 1300 mais il n’est disponible que sur stock car ce moteur est abandonné à la fin de l’année. La Ti est disponible cette année avec la carrosserie de l’ancienne série mais ne sera pas reconduite.
La gamme s’accroît encore une fois avec l’arrivée d’une 2,0l qui reprend le moteur de la Super à partir de 1984. La présentation et l’équipement sont identiques à la 1800.
Pour 1984, une série limitée à 361 exemplaires sur la base de la 2,0l voit le jour. Le moteur se voit greffé un turbo KKK par Autodelta avec modification des soupapes, de la distribution, de la lubrification... La Giulietta Autodelta crache 170 ch. La présentation lui est spécifique avec un volant sport à 3 branches en cuir, un manomètre de pression de turbo et un intérieur rouge à la GTV. La peinture est noire métallisée, des pare chocs gris avec spoiler et anti-brouillard intégré et jantes alliages d’un modèle inédit. Les réglages de suspensions sont plus fermes et les 4 freins à disques sont ventilés. La vitesse de pointe atteint les 205 km.
Turbodelta
Pour 1985, la place nette est faite à la remplaçante de la Giulietta, l’Alfa 75, elle aussi un dérivé de l’Alfetta. Tous les modèles ne sont plus commercialisés à l’exception de la Turbodelta qui reste disponible encore quelques mois. La production de Giulietta fut d’environ 380 000 exemplaires, toutes versions confondues.